Agriculture et élevage au Cameroun en danger face aux menaces sécuritaires
Le développement de l’agriculture et de l’élevage est au cœur des préoccupations au Cameroun. Selon un rapport remis à Yaoundé par la Banque Mondiale il y a quelques jours, les obstacles à ce développement sont divers. En cause, des problèmes liés aux transports, à l’organisation commerciale et à l’instabilité des prix notamment, qui mettent en évidence un besoin impératif de coordination commercial, de modernisation des infrastructures et d’un parcours administratif facilité dans toute l’Afrique Centrale.
Mais au-delà de ces problèmes d’organisation, l’économie du secteur agricole est influencée par les différentes crises politiques dans la région, ainsi que par les agissements des organisations terroristes, Celles-ci se livrent à un véritable pillage des ressources de pays comme le Cameroun et le Nigeria.
Le conflit avec le groupe terroriste Boko Haram ne s’est toujours pas résolu et les attentats et attaques-suicides n’ont pas cessé. Les menaces toujours importantes dans les régions de l’Adamaoua, dans le Nord et l’Extrême-Nord du pays, ont évidemment une incidence négative sur le commerce, l’agriculture et l’élevage.
Depuis 2013, c’est 17.000 bovins et plusieurs milliers d’ovins qui ont été volés par le groupe terroriste Boko Haram. Ce groupe a de plus imposé à de nombreux commerçants des prêts financiers, ceux-ci sont contraints de verser à l’organisation terroriste une part des bénéfices réalisés. Une perte estimée à environ 3 milliards de francs CFA (6 millions de dollars) causée par ce trafic illégal.
Il est également à déplorer de nombreux enlèvements par Boko Haram dans les départements de Mayo-Tsanga et Mayo-Sava. Le groupe terroriste fait de ces personnes kidnappées une main-d’œuvre forcée, qui travaille dans des champs dont les récoltes sont ensuite vendues au Cameroun et au Nigéria sur les marchés.
À la frontière Nord entre ces deux pays et dans la région du Lac de Tchad, le transit de bétail a considérablement réduit depuis plusieurs années. Depuis 2015, on a noté une baisse de 39% du transit des bovins, et de 21.6% de celui des ovins. Le coût de ces transits est d’autant plus élevé que les éleveurs et commerçants doivent payer pour garantir la sécurité de leur passage. Ces baisses dans ces régions ont un impact sur les économies locales, les commerçants tentent désormais diversifier leurs activités. Et puisque les risques sécuritaires sont toujours élevés, il a fallu réduire le nombre de points de passage entre le Cameroun et ses voisins, le Tchad et le Nigeria, celui de Douala-N’Djamena notamment est particulièrement surveillé. Selon le rapport de la Banque Mondiale, l’augmentation des vols dans ces zones de transit a fortement influé sur le nombre de têtes de bétail et leur prix.